La jeunesse d'Ogovi (3)

Harki était couchée sur le sol, recroquevillée sur elle-même. Son esprit se laissait bercer par le crépitement apaisant du feu.

Elle aimait ces instants de calme. Elle avait perdu le compte des mois passés depuis son incorporation forcée après l'incident de l'orphelinat. Les exercices, les longues marches, les entrainements incessants et répétitifs, l’aidaient à vider son esprit, à apaiser les démons qui la rongeaient depuis si longtemps.

En soit, son monde n'avait pas vraiment changé : obéir sans réfléchir aux ordres pour manger, obéir sans réfléchir pour éviter les punitions, obéir, obéir et obéir encore, à la différence près qu’ici elle était traitée exactement de la même manière que n’importe qui d’autre. Ici, elle faisait partie d’un groupe, d’une unité. Une famille qui savait la récompenser quand elle marchait droit.

C’est ici qu’elle avait appris à lire, à écrire et à comprendre que les véritables responsables de son calvaire passé, n’étaient autres que ces non-humains proliférant en toutes part, dissidents, sales, dégénérés et porteurs des maladies les plus terribles.
Pour le reste, elle avait obtenu des résultats plus que satisfaisants aux divers tests d’aptitudes en tir, démolition et close-combat, restant toujours froide et distante.

Tout n'était pas parfait, bien sur. Ses compagnons évitaient de l’avoir dans leurs dos, mal à l'aises à cause de son habitude de se poster en retrait et les observer, comme un prédateur. Ils rechignaient également à devoir s’entrainer avec elle du fait qu’elle assimilait mal le concept « d’entrainement » et cherchait toujours à finir au plus vite son adversaire sans se soucier des conséquences physiques.
Le point positif dans tout ça, c'est qu’elle avait su se gagner le respect des autres et que ses supérieurs semblaient apprécier son état d’esprit. Tant mieux après tout, elle ne demandait rien d’autre et n’était pas ici pour se faire des amis.

-*Fin de l’opération. Rassemblement au point gamma 7*-

Le message reçus dans son communicateur la sortit de sa rêverie. Elle se redressa, ramassa son arme et se mit en route, enjambant les cadavres qui jonchaient le sol, tandis que le village dont elle ne connaissait même pas le nom, finissait de se consumer dans les flammes.

Elle avait un nom : Harki Ogovi, matricule OH-1224.

J'aime bien.